Les liens naturels entre musique et textes
Le compositeur et chef d’orchestre Léonard Bernstein a un jour donné une conférence pour expliquer comment musique et langage sont reliés. Il avait choisi de présenter le point de vue de Chomsky, comparant la grammaire musicale et celle du langage. Par ailleurs, de nombreux chercheurs dans le champ de la psychologie musicale ont écrit des thèses expliquant la nature des relations entre la musique et le langage dans ses aspects anthropologique, social et psychologique.
Le fait est que le discours humain a une certaine musicalité et que les animaux, qui ne parlent pas ou ne chantent pas de la même manière que le font les êtres humains, produisent cependant des sons qui peuvent être qualifiés de musicaux. Toutes les études faites dans le champ des sciences humaines sont à la croisée de la linguistique, de la musicologie et de la psychologie évolutionniste. Elles tendent à prouver qu’il est naturel que la musique ait évolué avec l’humanité et qu’elle n’ait pas disparu, précisément parce que, étant proche du langage, elle épouse un attribut fondamental de l’être humain.
Généralement, ces idées sont les bienvenues dans tous les clans de l’industrie musicale: elles sont éminemment culturelles, elles assurent la promotion d’un amour général pour la musique au niveau global, comme au niveau local, c’est tout spécialement vrai pour toutes les variétés répertoriées sous l’étiquette de “musique du monde”, qui est purement culturelle et recouvre en fait un grand nombre de musiques de tout style, de toute époque et de tous lieu.
Est-ce que la musique peut être séparée des paroles?
Dans la musique populaire, il est virtuellement impossible, quand il y a des paroles, de les séparer de la musique. Elles attirent l’attention de l’auditeur autant que la musique en elle-même, dans beaucoup de cas. Cela est d’ailleurs, dans certains cas, une source de problèmes, quand les paroles ne sont pas considérées comme convenables pour les enfants et les adolescents. Les parents et les activistes investis dans le domaine éducatif peuvent alors réagir fortement, avec plus ou moins de succès. Cette situation est malheureusement assez commune.
Cependant, il y a des cas plus surprenants d’interférence entre les paroles et la musique. Des cas pratiques. Par exemple, en 2015, un album musical écrit par un compositeur de musique produisant des morceaux de salsa a été exclu d’une compétition parce qu’il contenait trop de titres dont les paroles étaient en anglais. Aucun élément musical ne fut pris en ligne de compte. Ceux qui organisaient le concours ne virent qu’une chose: l’album ne contenait pas assez de textes écrits en espagnol ou en portugais. Bien évidemment, chaque comité organisateur a le droit de fixer ses propres règles, néanmoins, ce cas est significatif car il montre que la qualité de la musique est trop souvent dévalorisée, par rapport à des critères strictement culturels.
Pour les auditeurs, cela signifie qu’ils peuvent ne pas être informés de productions musicales originales juste à cause d’une question en lien avec la culture. Il y a heureusement des cas où la musique populaire conserve le droit de s’exprimer et invite l’auditeur à se centrer sur la musique en elle-même.