Faire silence pour mieux écouter
Les auditeurs attendent beaucoup de l’écoute, espérant qu’elle peut être davantage que de l’écoute. C’est souvent dans ce sens qu’ils parlent d’écoute intérieure, essayant d’attribuer une signification aux sons et aux paroles qu’ils entendent. Cependant, il est tout-à-fait possible d’aimer les sons juste pour ce qu’ils sont. Ils n’ont pas besoin d’avoir une signification psychologique ou autre.
Le philosophe Emmanuel Kant a dit que 2 choses n’ont besoin de rien d’autre que d’elles-mêmes: l’amour et la musique. La musique étant constituée par des notes musicales et des silences, le silence est une partie de la musique. Pour les compositeurs, la musique la plus intéressante est, dans une certaine mesure, celle qui n’a pas encore été composée et cette musique à venir ne peut qu’émerger du silence. En ce sens, peut-être, l’écoute est plus que l’écoute. Chez l’auditeur aussi: faisant silence, il fait de la place pour la musique à venir.
Le silence pour mettre en valeur l’unicité d’une musique
Quand les auditeurs essaient réellement de faire le vide dans leur esprit, ils créent un nouvel espace personnel à l’intérieur duquel une nouvelle musique peut prendre place. Un souvenir en chasse un autre et il en va de même pour un son. Chaque passage d’un morceau musical occupe une place spécifique dans le temps et dans l’espace aussi bien que dans l’esprit de l’auditeur. Il en va de même pour chaque morceau de musique: deux morceaux de musique peuvent se ressembler, mais dans une certaine mesure seulement.
Notons que ce que les auditeurs aiment, ils le qualifient d’agréable et ce qu’ils n’aiment pas, ils le considèrent comme une intrusion dans leur vie. Ainsi en va-t-il par exemple des sons et des images. Parfois, il peut arriver que l’on soit assez indifférent à ce que l’on voit ou entend, mais c’est de toute façon un choix également. Bien entendu, quand les auditeurs aiment une musique, ils vont rechercher des pièces similaires, présentant des caractéristiques qu’ils aiment, par exemple une certaine proportion de silence.
De la musique qui n’interrompt pas l’auditeur
Un spécialiste du marketing, Seth Godin, oppose deux manières de faire: l’une interrompt le client ou futur client dans ses activités pour lui proposer d’essayer ou d’acheter quelque chose alors qu’il n’a rien demandé (c’est l’‘interruption marketing’) et l’autre essaie de déterminer à quel moment les gens préfèrent être rejoints et de quoi ils sont décidés à parler (c’est le ‘permission marketing’).
La musique est comme le marketing: il y a des musiques qui interrompent les auditeurs, elle est non désirée, qu’il s’agisse d’une musique entendue via le téléphone mobile de quelqu’un d’autre sur la plage ou dans le métro. Cette musique est ressentie comme étant du bruit. Il y a par contre la musique que les auditeurs choisissent d’écouter en vue de passer un moment plaisant, choisissant ce qu’ils vont écouter, quand ils vont le faire et comment.