Quelques questions posées par la philosophie de la musique et quelques réponses données par des philosophes
La philosophie étant l’étude de la nature essentielle de l’existence, de la réalité, et du savoir, la philosophie de la musique, comme tous les types de philosophies, essaie de répondre à des questions telles que: “Comment la musique peut-elle être définie?”, “Comment la musique peut-elle être signifiante dans le contexte de l’existence humaine?”, “Musique et connaissance: quelles relations?”, “Comment la musique et les émotions sont-elles reliées?”, etc. Les philosophes qui ont étudié la musique sont nombreux, de Platon à Sartre. Pour ce qui concerne les derniers siècles, nous pouvons mentionner par exemple Leibniz, Kant, Schelling et Schopenhauer.
A travers l’arithmétique, Leibniz a étudié les liens entre la musique et la peinture. Kant, lui, a défini la musique comme un art exprimant la beauté grâce à l’harmonie et la forme, ajoutant que son but est de donner à l’auditeur une forme de plaisir qui est désintéressé. L’idéaliste Schelling, quant à lui, a estimé que la musique est le plus pur de tous les arts, étant désincarné (ce qui est tout à l’opposé des réflexions tenues aujourd’hui). Schopenhauer a décrit la musique comme le lieu où l’individu peut faire l’expérience de la liberté, en face d’une nature qu’il appelle “volonté” (‘will’) et qui est guidée par la survie des espèces plus que par les personnes.
Les valeurs de la musique
La philosophie de la musique peut être pratiquée par tous les genres de penseurs, musiciens ou non. Il y a des profils de philosophes de la musique assez atypiques: Tolstoy était un romancier, Einstein un scientifique, etc. Dans le champ de la musique elle-même, les compositeurs et les interprètes se consacrent généralement à la pratique de leur art, tandis que les philosophes réfléchissent à la nature du phénomène musical: Mozart et Beethoven d’un côté, Pythagore et Adorno de l’autre. Néanmoins, il y a des exceptions: le compositeur John Cage ou le chef-d’orchestre Sergiu Celidibache, par exemple, ont pris le temps d’exprimer comment ils voyaient la vie humaine à travers la musique (en lien avec la philosophie zen, pour ce qui concerne Celidibache).
Ceci dit, le plus souvent, un philosophe de la musique est le plus souvent un philosophe, comme nous l’avons vu ci-dessus. Nous pouvons encore mentionner, pour l’époque contemporaine, Jerrold Levinson, qui fut d’abord gradué en philosophie des sciences, avant de s’intéresser à l’esthétique de la musique. Comme plusieurs autres chercheurs dans le champ de la psychologique de la musique, Levinson a dit que les liens entre langage et musique sont si forts qu’il est à peine possible de les séparer. Levinson a insisté sur les valeurs de la musique. Il a distingué la valeur intrinsèque et la valeur instrumentale de la musique, la 1re étant sa valeur artistique et la seconde sa valeur non-artistique. Il a aussi établi une distinction entre la valeur de la musique pour un individu et celle qu’elle a pour une communauté ou, plus généralement, pour le genre humain dans son ensemble. Ces valeurs sont sont complémentaires, même quand quelqu’un est à la fois compositeur, interprète et auditeur.